A edição de outubro de 2007(numéro spécial), da revista francesa L`histoire, é dedicada aos arquivos inéditos dos "crimes cachés du communisme". O editorial, reproduzido, abaixo, levanta questões importantes e quem sabe um dia consiga chegar aos ouvidos e mentes dos bravos revolucionários brasileiros que ainda comemoram a revolução de Outubro. A revista pode ser encontrada em qualquer boa revistaria/banca de jornais de São Paulo.
Ne pas oublier Lénine
Il y a quatre-vingt-dix ans éclatait la révolution d'Octobre. Jadis, on la commémorait, même em Occidente, à son de trompes, parce que Lénine et ses camarades avaient incarné pendant longtemps l'idéal prolétarien et humain de l'emancipation, de la libération, de la venue d'un monde fraternel. Aux temps de la déstalinisation, Lénine avait été épargné; il passait pour le bon communiste trahi par le mauvais.
Près de vingt ans après la chute du mur de Berlin et l'implosion du communisme soviétique, le ton n'est plus celui de la célébration. Il est difficile aujourd'hui d'eluder les responsabilités de Lénine dans la mise em place d'un régime de terreur. Ce que, pendant des décennies, l'Occidente lui-même s'était refusé de savoir a été porte au grand jour, d'abord par une avante-garde intellectuelle des pays de l'Est, puis par les historiens mettant à profit l'ouverture d'archives jusque-là inaccessibles. Ce sont ces sources inédites qui sont à l'origine de notre numéro spécial.
"La folie de la Révolution fut de vouloir instituer la vertu sur Terre. Quand on veut rendre les hommes bons et sages, libres, modérés, généreux, on est amené fatalement à vouloir les tuer tous", a fait dire à l'un de ses personnages Anatole France. Tel est le paradoxe de toute révolution dont le rêve central est de changer l'homme, créer l'homme nouveau et um peuple neuf. L'enterprise implique um pédagogie mais aussi une violence d'Etat. La terreur imposée est à proportion de l'ambition. Les arrestations arbitraires, les condamnations sommaires, les liquidations de masse, la police politique omniprésente, la surveillance ininterrompue de chacun, les persécutions religieuses, les déportations, l'encouragement à la delation on été érigés en système permanent de gouvernement. Des pratiques qui ont laissé de profondes cicatrices. Aujourd'hui, en Europe de l'Est, dans ces pays si improprement nommés "démocraties populaires", les mémoires douloureuses et les ressentiments enfouis refont surface pour s'installer parfois au coeur du débat public. On n'en a pas fini avec les effets de la terreur.
"Oublier Lénine" était dans les années 1970 un slogan des intellectuels de gauche pour qui le bolchevisme n'était plus un exemple à suivre. Aujourd'hui, devant le bilan humain du communisme soviétique, dont il fut le fondateur, mais aussi des régimes qui, en Chine, au Cambodge ou dans l'ancien glacis soviétiques aprés 1945, se sont réclamés du "marxisme-léninisme", le mot d'ordre des historiens doit bien
être de "ne pas oublier Lénine".
